Diogo Sardinha
Une minorité qui ne fait pas loi. Le Kant des Lumières relu par Foucault
Dans quelle mesure et en quel sens la réception de Kant par le dernier Foucault nous invite-t-elle à poser à nouveaux frais, dans le cadre de sa pensée, le problème du juridique ? On notera tout d’abord, dans la réponse à cette question, que l’interprétation kantienne des Lumières est marquée par une idée de l’émancipation qui, en son fond, est juridique, comme sortie de l’état de minorité (qui est une incapacité) et entrée dans l’âge adulte. Foucault ne s’attarde pas à la teneur juridique de cette interprétation et il s’intéresse plutôt à l’intervention de Kant dans l’actualité de son temps. À partir de là, il détourne la pensée kantienne, en la séparant de toute norme universelle et nécessaire. Le sujet de l’émancipation apparaît alors comme singulier ou particulier et toujours comme contingent, sorte de sujet mineur dans une histoire mineure, c’est-à-dire dans laquelle aucun sens univoque et encore mois une téléologie ne peuvent être décelés. En somme, la lecture de Kant par le dernier Foucault ne semble pas ouvrir des voies prometteuses pour réexaminer le juridique dans sa pensée, mais au contraire, elle l’éloigne encore plus de ce paradigme.